par le Pr. Pierre FIRKET est médecin généraliste psychosomaticien, systémicien, Chargé de cours au département de Médecine Générale à la Faculté de Médecine de l'Université de Liège, Directeur du CITES Clinique du Travail - ISOSL Secteur Santé Mentale à Liège.
Séminaire du 26 mars 2013
Le travail rend malade. Ce sont les patients qui le disent en consultation. De plus en plus. Au travers de nouvelles plaintes. Elles n'existaient pas, il y a 10 ou 15 ans d'ici. Elles sont le reflet d'une souffrance de la personne en relation avec le travail. A l'analyse, pour tenter de comprendre l'émergence de ces nouvelles maladies "psychosociales", c'est le travail qui est interrogé. Qu'est-ce qui a changé, à son propos? Ne serait-ce pas lui qui serait devenu malade? Avec un risque de contagion. C'est en cela qu'une Clinique du Travail s'impose, pour "aller à son chevet". Il est temps!
Le travail est central dans la construction de l'identité. Il participe en effet à un certain accomplissement de soi-même. Etre fier de son travail, éprouver de la satisfaction pour un travail bien fait, ressentir un certain plaisir au terme d'un effort pour réaliser un travail difficile, toute ces évocations entendues régulièrement illustrent d'une certaine façon la "centralité du travail vivant". (Christophe Dejours) On sait, a contrario, ce que sa perte peut avoir comme conséquences, entre autres psychologiques, pour une personne qui se retrouve "sans travail". Mais, paradoxalement, avoir du travail semble bien être une source de souffrance pour certains, plus aujourd'hui que hier, alors que les conditions de travail se sont considérablement améliorées durant ces dernières décennies. Cette souffrance se manifeste par l'apparition de nouvelles pathologies qui deviennent de nouveaux motifs de consultations médicales. Le lien avec le travail est très souvent évident. La prévalence accrue de ces troubles doit inquiéter. La question est de savoir pourquoi cette émergence? Quelles en sont les raisons, les étiologies? Les modalités contextuelles et organisationnelles du travail ont-elles changé au point de rendre l'individu inadapté au travail? La question ne serait-elle pas de se demander si le travail lui-même n'est pas devenu malade? La grille de lecture pour comprendre est nécessairement large. Elle implique une analyse multifactorielle de différents déterminants (Sociaux, économiques, culturels, sociologiques, psychologiques) à confronter entre eux, certains étant les conséquences des autres... In fine, c'est la question du sens du travail qui est im(ex?)plicitement posée.